Les élections américaines se sont tenues à la fin de l'année 1936 et ont donné gagnant les Démocrates, plaçant Garner au poste de Président, sans majorité parlementaire. Cette position instable du gouvernement fragilisa encore plus le pouvoir qu'il ne l'était déjà et, le premier janvier, des grèves éclatèrent dans la Ceinture d'Acier. Plusieurs usines furent saisies par les grévistes, avec la complaisance de Jack Reed. Depuis lors la grève perdure dans la région, une véritable épine dans le pied de l'establishment.

 Sur la fin du mois de janvier, le gouvernement mit à l'examen un projet de loi visant à augmenter les impôts des entreprises de la Dust Belt pour créer une allocation chômage. Jack Reed fût très critique de cette initiative, la qualifiant de "Miettes jetées au prolétariat par le Capital". Le patronat de la Ceinture d'Acier réagit également très négativement, expliquant au Congrès que cet impôt les affaiblirait encore plus à l'heure des grandes grèves et serait un véritable frein à la relance économique dans la région.
 
 Le 3 février 1937, au Burghouse Square de Chicago, la célèbre militante anarchiste Lucy Parsons donne un grand discours pour soutenir publiquement les grévistes. Elle dira notamment que "le changement de notre société ne passera pas par l'establishment, mais bien par le soulèvement des masses contre le Capital et son exploitation !". Elle concluera en disant "Nous, hommes et femmes opprimés, nous n'attendons pas grand chose : nous souhaitons être libres au travail, dans nos écrits et dans nos lits ! Saisissons ce qui nous est refusé, et s'ils s'y opposent, ils commettront leur dernière erreur !" Parsons, connu dans les dossiers de la police de Chicago comme étant une militante "Plus dangeureuse qu'un millier d'émeutiers" a été la cible d'une tentative d'arrestation, déjouée par une foule rassemblée autour d'elle. Les forces de l'ordre ont préférées abandonner la mission plutôt que de déclencher une émeute.
 
 Dans toute la Dust Belt, durant plus d'une semaine, de nombreux incidents vont éclater. Jack Reed ne cache que très peu son soutient aux émeutiers et le nombre de grévistes ne fait qu'augmenter de jour en jour. Les organisations syndicales organisent les foules pour exproprier le patronat et accaparer le contrôle des moyens de production, dépassant les forces de l'ordre locale qui ne savent plus où donner de la tête. A Washington, on parle des "Grandes Grèves" comme de la pire calamité du siècle pour le pays.

 Le 17 février, le Cabinet Garner envoie aux grévistes un communiqué officiel pour exiger d'eux qu'ils abandonnent leurs actions :
 
 "En l'absence du droit de grève dans la loi américaine et en vertu du droit pour tout les citoyens américains de disposer de leur force de travail. Nous demandons aux grévistes occupant les usines qui font la fierté de notre nation de se disperser. Si ils ont des revendications à faire qu'ils utilisent les voies légales et aillent trouver leurs représentant aux Congrès de leurs Etats et des Etats-Unis d'Amérique."
 
 La réponse ne se fait pas attendre : une nuit d'émeutes secoue les principales villes de la Ceinture d'Acier, le mot d'ordre chez les manifestants étant "Les représentants veulent parler ? Qu'ils viennent !". Le gouvernement décide l'envoie de briseurs de grèves qui lancent l'assaut contre les grévistes occupant les usines afin de les libérer. De violents affrontements ont lieu du 18 au 21 février, blesant plusieurs dizaines de grévistes et près de vingt policiers. Au Congrès, Huey Long prend la tribune pour déclamer un discours aussi court que percutant fustigeant Reed et lui faisant porter toute la responsabilité d la situation.
 
 Le 22 février, Earl Russell Browder, leader des Totalistes américains, est vu aux côtés des manifestants. Le Parti Républicain demandera, dès le lendemain, la dissolution officielle du SPA au Congrès pour haute trahison, mais le vote est freiné par Reed et certains membres de l'aile gauche des Démocrates qui ne veulent pas perdre une telle force d'opposition contre Long. Les partisans de ce dernier, dans la Ceinture Biblique, organisent préventivement des milices, assumant leur objectif : les Rouges n'entreront pas chez eux ! Le gouvernement Garner ne condamne pas publiquement les milices d'America First et toutes ses prises de paroles sont tournées contre les syndicalistes. On parle au Congrès d'éviter que le pays ne sombre à nouveau dans la guerre civile.

 Fin février, les principaux partenaires commerciaux du pays commencent à vendre massivement leurs actions et avoirs aux USA. La valeur boursière des entreprises nationales s'effondre, dans un effet domino rappelant le Lundi Noir.
 
 Au nord, l'armée Canadienne se déploie à la frontière afin d'empêcher les grèves de dégénérer sur son territoire. La Couronne refuse de dire quoi que ce soit à propos de ces événements, si ce n'est : "Il n'y aura pas de Rouges au nord du Mexique." Dans ce dernier, justement, les propriétaires américains expropriés par le régime de Plutarco rentrent chez eux en urgence afin de sauver ce qui peut l'être, et les assemblées locales votent une à une la levée de "Gardes Rouges", des petites milices chargées d'empêcher les Longistes de franchir la frontière.