Affiche de propagande anti-Socialiste.
Le Parlement de Naples se déchire : la fracture des libéraux et des conservateurs au sujet des syndicalistes et l’inaction pesante du Roi font peu à peu s’effondrer l’équilibre politique du Royaume. Dans les rues la Camicie Nere et les syndicalistes s’affrontent régulièrement, avec notamment des attaques des premiers sur les refuges des seconds. La situation nationale est dans un état catastrophique, au mieux. La jeunesse ne croît plus en l'etablishment et se tourne vers les deux alternatives dont elle dispose : les syndicalistes et les intégralistes. Les premiers étant rejetés et traités en parias, ils sont peu nombreux à les rejoindre, ce qui donne toute latitude à la Camicie Nere pour opérer un recrutement massif parmi la jeunesse.
En sus de cela, l'organisation paramilitaire se rend régulièrement depuis juin dans les églises pour aider les prêtres et pour y amener les "âmes égarées". La promotion de l'Église Catholique est un grand point du "programme" intégraliste Sicilien, qui trouve un fort écho chez une population très pieuse. Les évêques sont de plus en plus nombreux à considérer que la Camicie Nere n'est pas un simple groupe de paramilitaires sanguinaires et barbares, mais bien des protecteurs du Christ et des porteurs de la Lumière. Luigi Lavitrano, Monseigneur l'Archevêque de Palerme, dit même au sujet de ces hommes : "Il est important d'avoir dans notre pays des gens comme eux aujourd'hui. Qui d'autre que de réels croyants pourront montrer Sa Lumière aux impies ? Qui emmènera à la messe ceux qui s'écartent de Son chemin ? Qui fera comprendre aux prêtres de notre temps qu'ils passent trop de temps à s'occuper des affaires temporelles et pas assez à donner la messe ? Je crois qu'ils sont importants dans nos sociétés modernes."
La Confederazione Generale Siciliana del Lavoro, elle, s'enfonce progressivement dans un marasme sans commune mesure. L'organisation est au bord de la scission : il y a d'un côté ceux qui sont pour reprendre contact avec les syndicalistes du Nord, non pas pour nouer des liens, mais simplement pour ouvrir les négociations et aider le Royaume à apaiser les tensions, comme l'a fait la République du nord-est ; et il y a ceux qui sont contre tout contact, si infime soit-il, avec les rouges.
Et dans tout cela, le Roi ne fait rien. On ne le voit quitter ses appartements que deux ou trois fois par semaine, et la rumeur veut qu'il soit tombé grièvement malade - ce qui n'arrange en rien la situation politique, puisque la peur des tensions qui suivraient la mort du Roi ajoute encore de l'huile sur le feu déjà excessivement nourri.
La Marche de Naples.
Le 19 septembre, à l'occasion de la Fête de San Gennaro, le Saint Patron de Naples, la Camicie Nere va se réunir aux abords de la capitale et entamer une Marche de Libération Monarchique. Ils chantent à la gloire de la Monarchie et de l'Église, ils annoncent à qui veut bien l'entendre que Dieu les guide et qu'ils s'en viennent sauver le Royaume de l'Enfer et de la déperdition du Socialisme. Leurs objectifs sont clairs : déposer le Parlement et donner les pleins pouvoirs à la Monarchie - qui devra collaborer avec les paramilitaires. Ils entrent dans Naples à 13h en fanfare, acclamée par une foule de gens ravis que la Camicie Nere agisse enfin fermement. Leur entrée s'accompagne d'un tonnerre d'applaudissements et de Sud-Italiens criant "Vive le Roi ! Vive la Camicie Nere !" Une légère résistance syndicalistes à ce coup d’État apparaît et des combats de rue se produisent, mais la gauche est très vite balayée. Leurs cafés et leurs salons littéraires sont attaqués par des détachements intégralistes qui tabassent les "gauchistes damnés" et détruisent tout le matériel politique qu'ils trouvent. Vers 16h30 un café socialiste est même incendié par un paramilitaire !
A 17h les Parlementaires sont pris en otage par les chemises vertes : personne ne sort ou n’entre du Parlement tant que le Roi n’a pas pris de décision. Une vague de protestations enflamme l'assemblée, qui en appel à la Constitution. Le capitaine présent leur rétorque : "Que vaut votre bout de papier face à Sa volonté ?" A 18h le leader de la Camicie Nere entre dans les appartements Royaux pour expliquer la situation au Monarque et lui présenter un décret pré-rempli, décidant de la dissolution du Parlement et des pleins pouvoirs du Roi et de son gouvernement - gouvernement nommé parmi la Camicie Nere.